On se retrouve. Les yeux fixés à l’horizon, je cours sur cette même ligne droite, le long du canal, où se penchent des cerisiers. Ce bout de chemin qu’il m’est souvent arrivé de parcourir, les années passées ; et que j’ai si souvent abandonné, au gré des problèmes physiques, de la fatigue, du froid, des maladies. Il avait pourtant été le lieu, en 2019, d’un de ces rares moment d’exaltation que le confinement m’avait permis. C’était un 17 mai, aussi.
J’ai choisi, pour fêter nos retrouvailles, une des journées les plus chaudes que j’ai pu trouver. Mon corps brûle et je transpire abondamment. Mais je maintiens l’effort, priant mes côtés de m’éviter un point qui, à ce moment-là, m’eut été fatal. Je me bats un peu avec ma foulée, qui me paraît asymétrique, mais dans l’ensemble le mouvement est relâché ; et avec le relâchement je perds, non pas seulement de l’eau, mais tous mes soucis, qui tombent au sol à mesure que je traverse l’air.
On se retrouve. Dans le relâchement, je m’imagine aussi écrire. Comme si il me fallait ça, courir, pour être inspiré. Deux 17 du mois ont déjà filé. Deux 17, lors desquels j’aurais pu, et ai failli, parler de Tactics Ogre : Let Us Cling Together, que j’ai adoré, mais qui m’a presque déjà vaincu de sa technicité. De Atelier Ryza 2 – non officiellement titré « Sauvez Fi ». De Yakuza Dead Souls, un délire absurdement long. De GTA V, que ça y est, j’installe, et qui me donne la sensation d’être un ado à nouveau.
Après deux années à écrire le 17 du mois, je ne sais toujours pas quoi y mettre, ou à quoi les consacrer. Mes péripéties ludiques, à l’instar de mes péripéties tout court, n’ont parfois rien de folichon. Je cours, de longues lignes droites, dans les mêmes jeux. Hors, si c’est de game logs dont il est question (voir nom du site), cela signifie-t-il que je devrais me risquer à parler trois mois durant d’un même jeu ? En évitant les spoils inutiles et sans trop rentrer dans les détails ? Ce serait certainement un pari…