Milwaukee Bucks contre Sacramento Kings. Septième confrontation. Un dernier tir adverse frappe le cercle, juste avant que la sonnerie finale de ce quatrième quart-temps retentisse. Giannis Antetokoùnmpo, homme du match, se saisit de la balle au rebond. Les Bucks – mes Milwaukee – remporte enfin ce duel, 51 points à 43. Une délivrance, un soulagement, après une accumulation d’échecs, qui vient saluer mon acharnement et faire taire mes cris.
L’histoire commence quelques jours plus tôt, lorsqu’ayant acheté une manette Xbox 360, je reçois NBA 2K18 version Switch, pris pour quelques euros de plus. Je lançai le jeu négligemment, sur un principe qui se voulait de précaution : m’assurer de son fonctionnement. L’acte, en lui-même, tenait d’une spontanéité qui ne se voulait pas réfléchie, et qui ignorait donc tout du passif « jeu de basket ». Je lançai ce que je pensais être « un match pour voir », sous le regard éclairé de mon fils, qui découvrait là « du foot ». Et, tandis que je m’efforçais de corriger son étymologie et lui en expliquais le principe général, je glissai, sans m’en rendre compte, dans une persévérance vicieuse. Laquelle fit rapidement écho à une expérience similaire, traversée quelques années plus tôt.
La date : Février 2021. Le jeu : NBA 2K14. Je traverse alors les soubresauts de la carrière de Jobig Sciatik – communément appelé ainsi dans le contexte d’une névralgie pour le moins déplaisante. Je joue alors avec envie, intrigué et même capté par un contexte ludique totalement différent, pris dans la mise en scène, dans cette envie de performer. Ce, pour le plus grand désespoir de ma moitié, qui le surnomma depuis le jeu du divorce. Insatisfait de ma performance, et régulièrement tenu à l’échec par un IA conspirationniste, j’eus finalement la sensation de m’épuiser pour rien, et pris une retraite anticipée qui mis fin à l’expérience. Les jeux de sport, alors, firent une pause. Pour le soulagement de tous.
Nous nous retrouvons en octobre 2024. Trois ans plus tard, les niveaux sont, il me semble, à l’identique – patience, talent, capacité à résister à la frustration, acharnement. C’est-à-dire assez bas. D’un duel lancé au hasard est néanmoins née l’étrange conviction qu’il me fallait en sortir victorieux. La faute à un premier match serré : perdu 43 points à 46, il me berça dans l’impression d’avoir « de beaux restes ». De là, les matchs suivants auraient dû, en toute logique – c’est-à-dire dans la logique des joueurs qui sont convaincus qu’ils finiront par gagner – me permettre d’affiner mes compétences pour parvenir à la victoire. Il n’en fut rien : chaque défaite fut plus lourde que la précédente. J’enrageais, conspuant mes adversaires comme mes joueurs, peu motivés sur les rebonds défensifs. Ayant enregistré une cinquième défaite d’affilée, je me résolus finalement à passer du temps en entrainement, pour maitriser le timing des tirs, lequel n’est pas des plus simples à maitriser.
Seulement en match, la pression et l’intensité sont plus fortes. Les jauges vertes et les beaux paniers disparaissent. L’improvisation me trouve aller trop souvent sous la raquette, et rater bien davantage encore. Au final, je dois plus ma victoire à ma patience en défense, et à la qualité de mon marquage, qu’à mes statistiques en tir. Qu’importe ! J’enregistre enfin ma première victoire… contre l’IA. Et ça me convient bien ainsi. Je n’ai, dès lors, plus aucune raison de continuer. Je peux enfin passer à autre. Ou le puis-je ?