« Puhuhuhu. » Un dernier rire cynique résonne dans l’air. Comme un souffle d’air sur un désespoir qui peine à s’éteindre. Mais c’est bon, ça y est. Le cauchemar a pris fin. La fascination macabre n’est plus. Le mystère est résolu – le pense-t-on tout du moins – et les quelques protagonistes qui ont survécu à l’horreur, comme il se doit, regardent vers un nouvel horizon.
Danganronpa Trigger Happy Havoc (2009, Spike Chunsoft), que je découvre ici au travers de la compilation Decadence (2021, Switch), m’a retenu de tout son long. Éloge mis à part des capacités nomades de la Switch – qui m’enjoignent au picorage – le jeu est, dans son style caricatural, bien assumé. Je me suis ainsi trouvé rapidement captif de ce « jeu de meurtre » double sauce nippone, lequel laisse bonne place aux personnages colorés et aux dialogues exagérés.
La forme est certainement évocatrice de Phoenix Wright Ace Attorney (2005, Capcom) et sa narration en trois temps, chaque péripétie étant suivie d’une phase de recherche puis d’une phase contradictoire pétillante (objection !). Similairement, Danganronpa lui emprunte cette typologie, les journées douces et banales donnant systématiquement suite à des évènements tragiques, suivis de recherches et de discussions, pour finir par une phase de jugement. C’est lors de cet épilogue de la journée que les vilains, innocents-tant-que-ce-n’est-pas-maintes-fois-prouvé, finissent habituellement par rompre.
En terme de similarité, c’est de la série Zero Escape, du même développeur, dont il se rapproche le plus encore. Une série dont le premier titre, 999 Nine Hours, Nine Persons, Nine Doors, sortait en 2009, c’est à dire un an avant Danganronpa Trigger Happy Havoc. Très proche en terme de concept, mais nettement moins rigolards, les jeux de la série Zero Escape voit des groupes d’individus enfermés dans un environnement donné être obligés de coopérer pour progresser. Ce qui met définitivement l’accent sur la méfiance et la paranoïa. Zero Escape opte en revanche pour une ambiance et une direction artistique plus sobre. La narration se veut aussi nettement plus intellectualisée – à l’image de Virtue Last Reward (2012), joué il y a deux ans, et qui exploite la question de temporalités alternatives. Là où Danganronpa, qui opte pour un dessin plus rond, une mascotte rondouillarde, et des couleurs criardes, se veut plus sur le nez et plus lisible. Par là-même, le désespoir grotesque que le mignon et perfide Monokuma cherche à créer se veut plus consensuel, plus accessible.
Ce fut en tout cas un jeu très intéressant, qui titille les suites. Je garde néanmoins une préférence de cœur pour la série Ace Attorney dans cette filière-là. The Great Ace Attorney Chronicles devrait en effet poindre par ici…
Après un jeu qui se veut assez statique et donne beaucoup à lire, je me sens souvent de courir, parfois de bondir. Ce qui tomba à pic : je venais de mettre la main sur Spider-Man (Insomniac Games, 2018, PS4). Et quoi de bien plus sautillant qu’un homme-araignée qui ricoche sur les immeubles ? Pas grand-chose ! Le jeu est en tout cas d’une grande légèreté, et donne à casser du vilain via danses chorégraphiées. L’aspect infiltration et discrétion est en revanche moins exploitée. Ce qui me remémore le bon souvenir de la quadrilogie Batman : Arkham (2009 à 2015, Rocksteady Studios), qui m’avait déjà fait planer (Badoum Tss).