Plus d’une année s’était écoulée depuis que je m’étais décidé à « jouer retro » et j’avais échoué à m’y tenir aussi souvent que je l’aurais souhaité. En cause : l’absurde boulimie qui, dès le début de cette aventure, me vit compléter Ivy the Kiwi (oui), Xenosaga 2 et Soul Reaver en à peine moins d’un mois. Je cherchais à en faire trop et trop vite. L’envie de jouer épuisée je complétais, ça et là, des jeux guère mémorables ; à l’exception faite de l’intéressant Tomb Raider. Ce qui témoignait probablement, sans que je m’en sois aperçu, que je m’étais finalement laissé rattraper – pour être à nouveau bercé – par le grand cortège des jeux beaux et nouveaux, et l’étrange fascination que suscitait de les voir tour à tour se partager l’attention.
Ce fut au cours de cette année-là que j’explorai l’idée de me lancer dans Lunar: Silver Star Story Complete pour la première fois. Jusque-là les Lunar m’étaient restés assez mystérieux. Si le manque de notoriété était parfois indicateur d’un manque de qualités intrinsèques, Lunar semblaient plutôt devoir appartenir à cette catégorie de jeux atypiques, réservés aux connaisseurs ou au curieux, ou en tout cas masqués par la masse des RPG Playstation – et sinon par les plus connus d’entre-eux. La réaction de Virginie – amie et connaisseuse de longue date – sitôt qu’elle appris ma décision fut encore le meilleur des indicateurs. Elle se montra en effet enthousiaste, elle qui semblait en avoir gardé un si bon souvenir. Nous avions des goûts le plus souvent similaires, et bien qu’elle m’alerta que le style était assez vieillot, notre échange renforça ma décision. Il ne manquait plus qu’à régler un menu détail – un si spécifique au jeu vidéo : quelle version choisir. Un remake PSP était en effet sorti deux années plus tôt. La démo de ce dernier essayé, je faisais toutefois le choix la version Playstation, la trop grande facilité et le style graphique radicalement différent de la version PSP ne m’ayant pas convaincu. En faisant ce choix, je faisais aussi le choix au plus proche de l’œuvre originale.
Pourquoi, alors, à peine lancé, arrêtais-je d’y jouer quelques jours plus tard, je n’en savais rien à ce moment. Il était possible que malgré l’enthousiasme du moment le style ou la difficulté toute relative m’aient finalement rebuté. Ou, plus probablement encore, cela avait-il quelque chose à voir avec cette « envie de jouer épuisée », qui m’empêcha d’avoir l’énergie nécessaire à la complétion d’un RPG. Un peu honteux, je m’abstenus de mentionner à nouveau le jeu, préférant maintenir l’illusion que je l’avais continué, et fini, sans en avoir fait des tonnes. En matière de jeu vidéo, et plus particulièrement encore quand il était question de jouer plusieurs dizaines d’heures à un même jeu, il était souvent affaire de circonstances. Et, clairement, les circonstances sous lesquelles je commençai Lunar pour la première fois ne furent pas les bonnes.
(Cf thématique « Rattraper le temps au complet perdu ».)