On est le 17 décembre. La veille, encore, ma tête était pleine de tout. De l’excitation du travail qui n’en finit pas, d’une formation qui s’est ajoutée à la dernière minute. Je les évoque à ma compagne. Les mots ne suivent pas mes pensées. Je parle langage de grattes papiers : « feuille de paie », « cotisations », « compta », « marchés ». Puis j’ajoute « CNFPT », « formateur », « collectivités » « concours ». Ma tête déborde, et je suis fatigué. Alors je dis : « Il faudrait qu’on parte quelques jours ». Je dis aussi : « On s’en fout, de l’actualité COVID. ».
Aujourd’hui, tout se tait. On ne distingue plus dans la pièce que le souffle d’un enfant qui dort. Le sapin clignote chaleureusement dans le salon. La petite télévision cathodique, acheté une semaine plus tôt, patiente, encore branchée à la Super Nintendo. J’ai joué à Mystic Quest, dix minutes. De voir ainsi une vieille télé et un sapin dans la même pièce, ça me donne l’impression de perdre vingt ans. Aucun souvenir en particulier. Juste une sensation de déjà vu ; de faire face à une scène qui aurait pu ressembler à une autre.
Je mets de la musique – Christopher Larkin. Et je réfléchis. Je n’ai plus fait ça depuis quelque temps (j’ai zappé un 17, mais ce n’est pas grave : je vais tricher). En fait, je crois que plus je vieillis, et moins je tiens en place. Je fais des choses, juste pour faire des choses, pour ne pas être inoccupé. J’ai la bougeonnite, la bougonnus, la bouga-malia. Je me sens comme une pâte dans l’eau : incapable de m’arrêter, sinon lorsque je suis cuit. Le soir venu, quand il m’arrive enfin de jouer, c’est pétri de fatigue. Des yakuzeries, vraiment. Ceci dit, je me plairais bien, vu que c’est les vacances, à jouer à des anciennetés. En plus, j’ai rangé. Alors c’est le moment ou jamais de tout ressortir. Pour mieux s’endormir au son des plic-plic, des fruch et des clac.