Chroniques, Le 17

Le 17 : vieux machins, nouveaux trucs

Je me suis mis, dernièrement, à acheter des trucs pas tout récents. Une console PSOne, assortie d’un grand nombre de pads, des jeux plus ou moins datés, des pistolets G-con, une manette pro classique Wii… Des nouvelles recrues, qui se sont jointes aux vieilles, en réponse à des désirs insoupçonnés. Comment j’en suis arrivé là, en revanche, je l’ignore. Je me rappelle clairement avoir cherché un pad Gamecube, en remplacement d’un autre défectueux. Un objectif plus difficile à atteindre que prévu. L’objet de mes désirs me fuyant, il est possible, et même probable, que je me sois mis à regarder d’autres choses, trop de choses… Avec ces yeux brillants de l’adolescent retrouvé. Qui ouvre des cartons, qui ouvre des cartons.

J’en ai rebranché, des machins. L’arrivée de la VGA Box Dreamcast a vu cette dernière retrouver une place dans le salon, à grand renfort de câbles et avec un peu d’astuce. Ce qui m’a confronté à un nouveau problème : le cas des jeux non compatibles VGA, tel que Skies of Arcadia. Problème depuis resté en cours de traitement. A 50cm de là, une petite télé cathodique se tient modestement à côté de la plus grande. Dans le meuble, la Playstation 2 travaillait, elle, au lancement de Time Crisis 3. Des câbles, partout, épouvantent la pièce. Les pistolets récupérés pour quatre sous marchent – essentiellement. Pour la première fois, Pan !, je fais du light gun depuis chez moi. Et, Pan !, c’est plutôt amusant. Même si, Pan !, ça ne vaut pas le Time Crisis 2 en borne d’arcade de mon adolescence, justement. Qui lui m’avait coûté 40 francs.

Je me suis vu, un temps, résumer la chose avec un air snob : ça y est, les jeux récents me lassent, j’ai trouvé refuge dans la grotte des jeux vieux, sincères, et pas du tout commerciaux. La nouveauté, il est vrai, ne m’attire plus autant ; et quand elle m’attire, c’est souvent pour des raisons bien précises. Mais ça n’y est pas. Non, si je me suis retrouvé à voguer sur les eaux merveilleuses des souvenirs brumeux, c’est que j’avais envie d’acheter quelque chose de significatif, qui me plairait nécessairement. Une chose à l’épreuve du temps – puisqu’il est déjà passé par là. En somme, acheter des jeux d’antan, c’est à mon sens autant se raccrocher à des œuvres ludiques, figées dans le temps, que vouloir explorer des territoires restés nouveaux. Ce qui tient certainement de la quête de sens.

Je réfléchis parfois trop durement à cette idée de sens. N’est-ce pas futile de vouloir retrouver ce qu’on a perdu ? Ou, au contraire, l’est-ce de vouloir fuir en avant ? Devrais-je dépenser mon argent en des choses plus utiles ? J’avoue : je n’en sais fichtrement rien. Je me dis : du moment que j’achète des jeux qui me plaisent vraiment, peu importe leur époque, et qu’il m’en reste pour acheter du pain, c’est bien là l’essentiel, non ?

Chroniques, Le 17

Le 17 : je bâtis

Il pleut à fortes gouttelettes. Sur le toit, au dessus de moi, l’eau s’affaisse, claque, ricoche avec douceur dans l’air, puis s’écoule de toutes parts. La pluie traverse le paysage, avec une régularité artificielle. Dans les champs et les maisonnettes rapiécées, l’eau s’insinue. A mesure que les cieux s’assombrissent, sa chute s’accentue, s’épaissit. L’obscur nous assomme. Mais je me tiens à l’abri. Sous des cubes de matières, agrégés à la va-vite, qui n’ont d’autre but que de parer à l’urgence : être au sec. Pas tant au sec, d’ailleurs, que sauf. Voir la pluie m’entourer, l’entendre en vain tenter de percer cette mince toiture, la deviner si proche que des gouttelettes se collent à ma peau : ça me rend joyeux. Quelques cubes pour une alcôve.

Chroniques, Le 17

Le 17 : je cours

Mes pensées se perdent. L’espace d’un instant, mon corps se déplace de lui-même, avec la même régularité. Je ne questionne plus le mouvement, ne cherche plus à surveiller chaque contact avec le sol. Je me sens serein ; dans un effort contrôlé.

Chroniques, Le 17

Le 17 : je conceptualiste

Ça y est : je suis à l’équilibre, pile poil à la médiane. Entre sacré con – qu’on en pâtit – et fin philosophe – qu’on sent filer. Ça m’a pris un vendredi, comme ça. Je m’y trouve de bon aloi. Je suis en short, comme tous les vendredis. Plus tôt, j’ai rendu visite à ma mère. Elle aussi pense qu’il serait temps que je fasse un choix. Qu’on peut pas rester toute une vie sans choisir d’être con. Alors dans mon entêtement, j’ai choisi : je serai mi-con.

Chroniques, Le 17

Le 17 : Mass Effect me manque

Mass Effect me manque. C’est un sentiment qui m’étreint, par vague. Une fois l’an, je sens l’envie de retrouver l’univers de la série. D’être à nouveau sous le charme. Comme un appel lointain, ou une faim discrète. Je n’y rejoue pas. Je ne me vois pas rejouer, en général. Mais l’idée d’avoir un nouvel épisode, même une pale copie, avec les mêmes musiques, les mêmes idées, la même ambition, m’emballe. Seulement il n’y en a pas. Mass Effect : n’a plus.

Chroniques, Le 17

Le 17 : je perds sévère

J’insiste. Je m’entête. Je m’acharne. Il est vrai que je ne fais pas toujours les meilleurs choix. Que je ne choisis pas les bonnes armes. Que mon deck est déséquilibré, et je ne possède pas les reliques adéquates. Mais peu m’importe, car ma réussite est inéluctable. Il va aussi sans dire que je joue les mauvaises choses au mauvais moment. Et qu’en plus de ça, je ne pondère pas assez. En fait, la possibilité est réelle que je m’y prenne comme un sot. Ce pourquoi il est clair, absolument certain, que je ne peux que réussir.