Mon armée gagne, mais je n’en tire nulle fierté. Les forces vives de mes bataillons britanniques, appelées anarchiquement, dispersées au hasard, combattent avec une ferveur débutante qui les voit, tôt ou tard, se consumer, puis disparaître sans prestige. A leur tête : un général du dimanche, glorieusement levé dès huit heures. A mes côtés : un coéquipier furieusement désordonné. En face : une IA facile. Laquelle, c’est heureux, agit avec suffisamment de mollesse pour nous laisser piteusement réagir. Un rythme, pourtant, déjà trop rapide pour nous laisser le temps de comprendre.
Company of Heroes 2 (Relic Entertainment, 2013) s’est révélé être une très agréable découverte. Confortable à prendre en main – en particulier pour qui est familier avec les jeux de Relic – le jeu affiche l’enjeu avec évidence : l’objectif, les zones à contrôler, l’architecture du terrain, et son familier système de couverture partielle ou totale se laissent lire dès la première inspection. Comprendre les types de ressources et le rafraîchissement des unités s’avère en revanche plus cahoteux. Une inconnue destinée à le rester, au moins provisoirement. Le stratège du dimanche, emberlificoté dans une calamiteuse micro-gestion, ayant déjà fort à faire avec le reste.
Il faut, d’évidence, prendre le temps pour bien comprendre un jeu comme Company. Et beaucoup d’usure, pour arriver à gérer un tant soit peu la simultanéité de la macro et la micro-gestion (avancée technologique et production vs contrôle des unités). Les jeux de stratégie n’étant pas un de mes points forts, c’est donc ce point en particulier – l’absence de réflexes logiques, qui me pose le plus de problèmes. En revanche, au fil des parties, j’ai appris à apprécier, puis à exploiter, la nécessite impérieuse de contrer les unités ennemis, tout en préservant mes troupes. L’extrême variabilité des scénarios de jeu me donnant, à chaque fois, l’occasion de réfléchir à ce que je fais, sans pouvoir me reposer sur le même schéma.
Company of Heroes 2 n’est pas, par ailleurs, un jeu extrêmement clair sur ses contenus additionnels. Les nombreux DLC, qui débloquent ça et là des éléments disparates (nationalités, carte, skins, etc.) sont peu aisés à lire. J’ai eu bien de la peine à éclaircir ce dont je disposais, et ce qu’il me faudrait éventuellement acheter. Le Centre de mods est en revanche une heureuse nouvelle. Lequel comprend une grande variété de cartes, scénarios, et éléments esthétiques. Et puis, une faceplate (plaque du joueur) Girls und Panzer, ou Valkyria Chronicles, ça peut paraître risible. Mais pour certains, ça veut dire beaucoup.