Un groupe d’enfant aux commandes d’un gigantesque char : voilà qui peint, d’entrée, un tableau marquant. Fuga : Melodies of Steel raconte une jeunesse sacrifiée, happée malgré elle dans les tourments de la guerre. Ils espèrent sauver leur proche, à l’aide de cette machinerie inquiétante. Laquelle devient, pendant les intermèdes, leur foyer, un lien d’échange, de bricolage, de culture et même de repos. La progression reprise, sur un tracé linéaire, les micro-évènements se succèdent simplement. Les combats laissent de la place aux choix tactiques ; on s’y trouve même en difficulté, ce qui vient affecter le score de fin de combat, et la quantité de ressources reçues. L’expérience, bien que fugace, m’est restée collée aux mains. Avant que l’attrait ne chute radicalement, las d’un scénario peu accrocheur et de la franche redite du système.
Plus près de la mer, dans une autre sorte de paysage, mon groupe de personnages combat la faune comme la flore. L’odeur de sel qui se dégage de Ys Lacrimosa of Dana serait presque propice au dépaysement. Mais ses protagonistes, échoués suite à la destruction de leur navire, auraient plutôt à vouloir quitter les lieux qu’à s’y détendre. La recherche de survivants, la découverte des lieux et l’établissement d’une carte motivent ainsi l’avancée de l’histoire. Les quelques phases de suspicion, et d’assassinat – pourquoi pas – surprennent sans émerveiller. Le jeu tient surtout, comme un Ys, par le dynamisme de l’action et l’impact des affrontements. Ralentis, çà et là, par un scénario bavard, et une mise en scène discutable.
Celeste saute, plane, virevolte, au gré des obstacles, des pièges mortels et du vide. Je parviens avec elle à progresser, écran après écran, fraise après fraise. Même à m’élever, ne serait-ce que très progressivement. Je recouvre, par là-même, des réflexes rouillés, de la mémoire musculaire figée, du séquençage d’actions poussiéreux. Jouer à Celeste, cela veut aussi dire accepter des centaines d’échecs, plus ou moins prévisibles, souvent certains. Le jeu m’encourage à être fier de mes échecs. L’échec est, en effet, un vaste terrain d’apprentissage. Je le sais déjà, mais je me le répète tout de même. Car mieux vaut en être absolument persuadé pour réussir à progresser dans cette ascension-là.
Je vois, dans ces jeux-ci, comme tant d’autres, des personnages qui ont la même volonté de s’arracher à leur sort, de combattre ou d’avancer. Au gré des obstacles, nombreux et dantesques, et des questions, qui les ralentissent. Derrière chaque épreuve, un test de foi ; chaque ennemi, l’union des forces. Au point que jouer ne semble parfois culminer que par l’agir et le faire. Un « faire » performant, qui appelle à une note, à un score, à un résultat. L’enjeu n’est plus, alors, juste de réussir, mais de réussir avec la manière, d’ajouter du résultat au résultat, de se contraindre. Il demeure, sur terre, près de la mer et dans le ciel, que le temps passé varie en importance. Chaque univers apporte son thème, sa complexité, son ambiance. On ne vacille pas de la même manière face à des enfants qui font la guerre que face au grand vide.
Fuga : Melodis of Steel Cyberconnect2 PS4, XO, PS5, XS, Switch, PC (dématérialisé) 2021 | Ys Lacrimosa of Dana Nihon Falcom PS4, XO, PS5, XS, PC, Vita 2016-2022 | Celeste Extremely OK Games PS4, XO, Switch, PC 2018 |