Chroniques, Le 17

Le presque 17 : médecin en temps de jeu

Je panse. Je suture. Je soigne les corps et répare les volontés. Grâce à mes soins, soldats après soldats s’arrachent du sol, courent et se battent à nouveau. Ainsi que le feraient des miraculés ; la soif de vengeance en sus.

Et, tandis que je les regarde s’arracher à la torpeur de leur corps avachi et partir arme à la main, une pointe de fierté m’envahit. La fierté du devoir accompli. Plus je panse, plus je vis sous l’illusion de faire une différence. Plus je panse encore, plus je me sens puissant. Il se dit ainsi, dans la profession, que les médecins les mieux intentionnés font les meilleurs nécromanciens.

Être médecin en temps de guerre n’est pas de tout repos. Ce n’est pas que le matériel est lourd : une seringue et des trousses de soins ne pèsent pas tant. Mais avoir à réconforter les masses est parfois pesant. Entre les équipiers qui errent, qui courent en tous sens, et qui réapparaissent sitôt qu’ils sont décédés, cela laisse parfois peu de place aux bons soins du Docteur Memento. D’autant qu’il convient encore d’esquiver les balles, les (très nombreuses) grenades, les véhicules anti infanterie, le gaz, et les bombardements de l’aviation… Bref, la profession n’est pas de tout repos. Médecin n’en demeure pas moins ma classe de prédilection. Soigner les estropiés, ca a son chic. Présider au désordre n’est pas donné à tout le monde.

J’ai officié, au long de ma carrière, dans nombre de jeux en vogue. Figurent ainsi sur mon Curriculum Vitae les sommités que sont, et furent, Wolfenstein: Enemy Territory (2003), Teamfortress 2 (2007) et PlanetSide 2 (2012). J’y ai gagné mes gallons ; et ai été récompensé, pour mon mérite, d’un nombre adéquat de médailles. Plus à mon cœur, j’ai surtout laissé dans mon sillon beaucoup de respect au sein de la profession et de reconnaissance parmi les soldats, qui n’ont jamais eu à se plaindre de mes services.

C’est, récemment, avec Battlefield 1 (2016) qu’il m’a été donné de ressortir le matériel médical. La ludo-armée a estimé, chiffres à l’appui, que le nombre de bons médecins dans leurs effectifs était grandement insuffisant. Au vu de mon parcours, ils ont donc naturellement fait appel à mes services. J’avouerai que je ne suis pas fait prier. Je me plais à penser que je ne suis pas si rouillé de la carabine. Parfois même, il m’arrive d’être juste assez précis pour mater quelque jeunesse fougueuse. Et puis, aller au ludo-front, de temps en temps, a ce je ne sais quoi de dépaysant et de simplicité qui me ravit.

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